lundi 21 avril 2008

Je dédie ces lignes à Timéo, Baptiste, chloé, Manon, Siam, Alex, Margot, Mimi, Jeanne et Rémi, Victorine, Neels, Blanche, à la fille de Camille ainsi qu’à ces enfants que je veux désormais grâce à toi, depuis que je sais que tu vis et que tu m’aimes. Je t’aime de tout mon cœur lkhayaba khatera diali, princesse Tagout.

points de suspensions... ...

Pas écrits depuis quelques temps… pas depuis l’histoire des débuts de cette associ-o désormais enterrée, profondément et heureusement (aucune inquiétude pour autant, le « O » survit et en ressort plus fort !).

Le dernier article conçu, dactilographié numériquement et non édité sur ce blog date de fin février. Il se voulait rigolo. Il rendait compte de 4 jours de travail et de rencontres intenses que je présentais comme une longue « journée exemplaire ».
Toujours, depuis que je suis ici, depuis que j’ai commencé cette nouvelle page de ma vie, depuis le mois 11 (novembre) revient cet obsession de vous conter cette incroyable distorsion temporelle qui me fait grandir de plusieurs jours en quelques heures. Mais prenez gare amis théoriciens, ceci n’est pas une loi mathématique tel les décalages horaires cher à Sir Greenwich. Je ne sais pas de combien j’ai vieilli, de combien j’ai grandi, de combien j’ai rajeuni… je sais que j’ai changé.
6 mois… 6 points de suspensions……

Bref l’article de fin février 2008 racontait des journées pleines de nouvelles, puis d’autres nouvelles se sont ajoutés, d’autres journées passant trop vite pour les coucher sur pc, trop pleine pour prendre le temps (si agréable pourtant) de laisser ses doigts courir sur des claviers QWERTY ou AZERTY sur lesquels les lettres sont imprimées en plusieurs langues, ou les touches restent parfois enfoncées au fond de leur logement en traçant sur l’écran ces lignes aux qualités graphiques indéniables mais assez chiantes assez vite…

Je voulais faire cet « article blague » pour vous dire combien c’est bon de s’allonger fatigué et de dormir d’un trait pendant quatre heures, ou seulement deux (ou une). Dormir comme on fait une sieste réparatrice. Au réveil, aucun problème d’oreiller aimanté. Puis recommence une nouvelle riche journée… pourtant désormais impossible d’envoyer cet « article blague » daba (maintenant) pour cause de perte de clé USB, gardienne de beaucoup de mes secret, travaux et amours. M’enfin c’est la vie ma Lili comme dit ma mère, la vida dé mierda comme disait Tonio et comme dit Jean Louis, denia henia (la vie est belle) comme disent les jibli chémélie.

En parlant de chémel (le nord), après avoir eu l’honneur et le privilège d’être adopté par les ch’minots ch’ti du ch’nord dl’ France et les soussi (habitant du sud) de la Belgique au cours de la dernière décennie, ces derniers 6 mois m’ont offert la naturalisation chémélie et soussi que je cherchais dans ce pays du Maroc qui abrite les dépouilles et les tombeaux de mes aïeuls (dont celui qui blasphémait, était putassier, homme d’honneur, travailleur, boiteux, ivrogne et grand père inoubliable susurrant surement de temps à autres « que vida negra, vida de mierda »).

En filigrane durant les quelques 20 dernières années de ma vie se posait cette bonne vieille question récurrente de mes origines au sein de mon cerveau et de mon cœur. Ce bidule existentiel nait de la remarque balancé au cours d’une joute verbale concernant la virilité paternelle (et donc indirectement la notre) par mon camarade de classe, ami a contre cœur car fils du plus gros client de mon père qui essaya de recréer entre deux gosses les rapports dominant / dominé, dentiste (son malhonnête de père) / prothésiste dentaire (le plus fort de tous les pères, le mien), il recréa ce dont son malhonnête de père devait éructer le soir au repas, les sons dégoutants de celui qui se croit fort maudissant celui qui se croit faible…… mais l’histoire corrigera le père malhonnête et le fils innocent car mon père enverra se faire foutre ce dentiste escroc (ce qui occasionnera une légère disette à la maisonnée) et je frapperai d’un magnifique coup de pied style Bruce Lee dans la nuque de ce branleur de mouche occasionnant un traumatisme suffisamment grave pour qu’il s’évanouissent pour de faux et ainsi me couvre de réprimande et de remords.
Mais revenons à l’altercation fondatrice de feu mon complexe originel ; un petit gosse de 7 ans sans poil a la quéquette qui m’envoie dans la face d’imbécile caractérisant cette période pénible de ma vie:
-« de tt’ façon t’es qu’un bounioul toi, ton père il est immigré ! Parfaitement !!! C’est mon père qui l’a dit !!! Et les autres, écoutez !!’COUTEZ LES AUTRES!!! LE PERE DE CEDRIC IL EST MEME PAS FRANÇAIS, C’EST QU’UN SALE BOUNIOUL !!! »
Je dois vous avouer que je ne comprends pas encore les sens et subtilités des mots « BOUNIOUL » et « IMMIGRé ». Ce que je comprends très bien en revanche c’est que cet ****** m’attaque sur un sujet que mon père et mes oncles barbus traitent en riant, les yeux humides, racontant ces histoires d’un pays au delà des mers, un lieu où ils ont grandis sous les rayons du soleil, au milieux de beaucoup de jeux, de dangers, de devoir et parfois de peine, de beaucoup de vie. Une maison où lors du moment sacré du repas la grand-mère demande le sel en italien, la belle-mère de sa fille lui tends en espagnol, ou le gosse juronne en arabe dialectal et ou la mère l’engueule en dialecte français. Une maison ou certaines prient dévotement quand leur époux cavale de port en port, d’autres sont soigneuse du feu reconnu et renommée, ou les gosses se cachent, braillent et rigolent excédant un père qui travaille dans cette ancienne médina de Casablanca que je foulerai au bras de la femme que j’aime quelques décennie plus tard cherchant les échos de ces moments. Un monde, une époque que je ne connais que lorsque bravant le sommeil et les injonction à filer dans ma chambre tout en haut, je reste près d’eux en bas, près des grands qui émerveillent mon imagination avec des odeurs, des paysages, des histoires fantastiques qui résonnent plus que jamais aujourd’hui.

Ce gros ***** de sa ***** *** m’attaque sur tout ça dans cette cour de récré ou la chasse au fille reste mon activité essentielle et favorite. L’enculé de sa race… devant les filles il m’insulte sur un passé dont je ne suis en rien responsable, sur une histoire, passé. J’en suis fier à l’intérieur malheureusement pour nous tous, je suis faible et lui répond que « TOUT CA C’EST DES CONNERIE, ET QUE C’EST SON PERE A LUI QU’EST QU’UN SALE BUNIOUILLE !!! QUE MON PERE C’EST UN VRAI FRANÇAIS » Son père est châtelain, sa mère châtelaine et des particules se baladent dans son nom de famille… je sais tout ça, je sais que son père est plus français que le mien. Mais à cet instant je ne sais à quel point cela n’a d’importance que dans l’enrichissement que cette différence peut apporter.

Je suis faible alors…

Je suis faible donc je me trahis.

Je sais que mon père vient d’ailleurs et j’adore ces histoires d’ailleurs. Je n’avais jamais pensé à en tirer quelconque fierté ou honte. Ma faiblesse et la langue de Thibault m’insinuent la peur, le doute, la crainte, le rejet et le devoir d’affirmer une chose que je ne comprends toujours pas aujourd’hui. Une nationalité.

Je vais dès cette âge jouer sur mes différentes et nombreuse origines (qui sommes toute ne reste que méditerranéenne…), les étalant et les triant en fonction de mes envies de mensonge pour flatter mon orgueil. Dans ma période fils d’origine italienne, fasciné par les film de mafia, je dirai à qui veux l’entendre que ma famille vient de Sicile, dans d’autres lieux et à d’autres époques je parlerai de ce sang Espagnol Anarchiste qui me brule les veines. Les pouvoirs politiques successifs de la France me préserveront toute ma vie de clamer mes origines françaises. On m’a cru Grec, Juifs, Portugais, Libanais, Algérien, et aujourd’hui beaucoup me croient marocain.

Aujourd’hui, après six mois ici, après 27 ans de souffle, après quelques générations méditerranéennes, après plusieurs siècles d’animosité, encore plus de siècles d’amibes, après ces millions d’années, le « petit Cédric » qui attends terrorisé « que ses parents viennent le chercher à la caisse centrale du magasin » a grandis et est soulagé d’être convaincu que tout ça c’est des conneries, que tous les pauvres humains qui séparent leur frères en race, divisent selon les religions, les couleurs, les tailles, que tous ceux là sont très pauvres et très démunis dans leur vie, que tous ceux là doivent être aidé, par la bande dessinée, l’art, la discussion, la vie… manaraf (je ne sais pas) walakin (mais) araf (je sais) qu’en combattant l’ignorance crasse imposée pour nous diviser, je suis très heureux, je dors bien, je suis aimé de frères, de parents, et, lhamdoulillah, de la plus merveilleuse création qu’il me fut possible de croiser, parler, sourire, et finalement grâce à la force de la vie d’aimer en étant aimé en retour.

Aujourd’hui, après six mois de vie, après cette longue « journée exemplaire » je rouvre un nouvelle page de cette histoire qui me passionne qui est ma vie, nos vie, nos histoires. Je cours les écrire, les dessiner, les vivres……

Cédric Driss Loic Luc Liano-Houbart-Giacalone-SSouri,

le 20 shi aja du mois 4 (avril) de l’année 2008 des cathos,
5000 et des bananes pour les juifs,
plus que 6000 pour les berbères,
plein de milliers pour les égyptiens et les amérindiens.
15 ème siècle de l’égyre (départ du messager Mohamed pour la ville de Médine)


Appartement de l’oncle Aziz, quartier Belvédère, a coté de la gare de train Casa Voyageur, Casablanca-Dar El Beida ; MAROC ; AFRIQUE ; MONDE ; SYSTEME SOLAIRE X ; UNIVERS ; ESPACE (pour plus grand encore demandez à un savant, y’en a forcément un autour de vous… mais regardez bien, il a peut être 7 ans ou a une couleur de peau différentes et sa mère cuisine avec des épices différentes de la tienne.)

Besslama.

mardi 26 février 2008

fin fevrier, début de la fin du chapitre Marocain...

Un mois de silence… un mois sans nouvelles sur ce blog.

Rappel du premier message et de l’analyse blogienne de Fred : « les blogs, c’est des millions de gens qui écrivent des millions de pages dont tout le monde se fout. ». Je sais aujourd’hui que c’est un peu faux, car, ma jolie maman m’assure au téléphone qu’elle attend de ces nouvelles écrites et dessinée.
« Mais, écoute Sophie (prénom de ma mère), je sais plus par où commencer pour raconter, il y a tellement de choses qui se sont passées, et plein de dessins et photos, plein de trucs, plein, plein, et ces saloperies de connexions internet m’obligeraint à rester plein de temps devant l’ordinateur pour… »-« Alors prends ce temps et envoie nous des nouvelles, c’est tout ! »…
Non maman, je ne peux vraiment pas prendre ce temps de mettre toutes les images en ligne… mais je prends le temps de t’écrire.

Maman, ici, depuis un mois, il y a eu beaucoup de temps et d’énergie utilisée pour poser les bases de l’associ-O, des réunions et des discussions interminables pour des détails, des fulgurances sur des concepts généraux, généreux et voulu de nous tous, nous, Mehdi le cuistot, Anass le guitariste, Said de Tanger, Ismail l’informaticien, Yassir le culturiste, Dark wolf le journaliste R’bati, Loubna, et les autres. Beaucoup d’énergie, de désirs et de volonté. Assez pour prévoir de monter deux jours de fête artistique et populaire fin Mars mais pas encore assez pour avoir fini le site web et créé administrativement l’association. Assez pour que je fasse en ce moment une pause dans la finition du premier numéro du O pour t’écrire, maman. Assez pour avoir pratiqué l’essentiel en somme.
Les étudiants, depuis un mois, ont retrouvé le chemin pour me redonner du courage et de la foi en eux. Nous avons fini en beauté le travail pour l’association MOVIMONDO avec Khalid et Mohamed de première BD. Yassine, de première design et Tarek de première art ont fait leurs débuts dans la bande dessinée. Yassine a déjà transformé l’essai et va avoir sa première page publiée dans le tome 1 du O. Zakaria à une force productrice aussi puissante qu’il est encore immature, aussi je sais que le temps lui fera le plus grand bien. Afsa, la fille la plus timide que je connaisse et qui est en première BD, possède un trésor, elle n’a pas oublié l’enfant qu’elle était tout en devenant femme, et son dessin, d’une grande inventivité lui permet de raconter avec une grande force le difficile quotidien d’une femme pauvre au Maroc en 2008 aussi bien que les contes ancestraux. Les étudiants de 2eme, 3eme et 4eme BD ont partagé leur savoir et espoirs dans la bande dessinée avec des collégiens de différents collèges publics de Tétouan. Ces stages se sont si bien passé qu’il vont continuer. Initialement, 4 séances étaient prévues dans leurs collèges respectifs, mais ce programme a muté et désormais les collégiens viennent régulièrement à l’Institut des beaux arts et continuent à travailler avec les étudiants qui ont découvert le merveilleux talents des enfants qu’on a invité à s’exprimmer sincèrement. Cette énergie les a bousculés et leur a redonné une envie de s’exprimer aussi. Et c’est avec plein du pétillement de la revanche qu’ils m’annoncent leurs nouveaux dessins et me demandent de les voir.
Un grand frère de collégien est venu me rencontrer suite à la discussion que j’avais eu avec son petit frère. Il s’appelle Fathi, étudie l’hotellerie et possède un talent de conteur dessinant. Abdelahim de première BD continue dans sa voie politico-critico noire. Abdelahim de troisième BD continue de narrer dans les ombres de son fusain les fragments d’une mémoire mélancolique. Abdkrim, le frère que l’imminence de la séparation rend plus précieux chaque jour, continu de vivre son travail avec toute la force de sa vie. Il parle de l’univers de l’enfance, traduit la sienne au travers de ses personnages colorés, explique le bonheur du père-guide-grand frère qui agit justement avec l’enfant et raconte aussi l’injustice d’un monde qui abandonne ses jeunes dans la rue. Il parle avec son cœur… et touche.

La sublime Svesda, Bulgare stagiaire en résidence à Tétouan à terminé son séjour. La veille de son départ elle nous a réuni en petit comité pour que nous puissions partager cette envie commune de nous revoir plus tard, ici, là bas où ailleurs. Elle nous a offert à chacun un CD personalisé plein de ses photos, de tous ses dessins et la musique qu’elle a écoutée ces derniers mois. Son collocataire, Lucas de Toledo reste encore quelques semaines de plus, ce qui fait plaisir.

J’ai durement pris dans la gueule et dans les tripes les vices d’un système différent de celui que j’ai connu, exempt de certaines des saletés et malheureusement propriétaire de certaines mochetés qui participent à la perrenité notre bien injuste monde. Vous remarquerez que je prends d’épais gant pour éviter de nommer la corruption, les passes droits, la confiscation des informations et des avantages par les responsables, les mesquines ambitions personnelles...

Enfin, avec la sortie du numéro 1, nous allons pouvoir mettre en pratique certains des reves que nous avons formulés il y a quelques mois, à mon arrivée. Cela va commencer par sa présentation à Fes dans le premier festival BD organisé par cette ville à la fin de la semaine et parallèlement à au salon du livre de Tanger. Puis, nous allons le vendre à Tétouan, commencer l’affichage dans la rue, démarcher les administration pour le rendre gratuit dans les écoles… etc, bref, au moment ou je suis sur le point de partir, tout commence, ou plutôt, tout continue, et cela me chagrine, ou plutôt me rend heureux.

Côté cœur, chapitre amitié, Jj est venue ici et a attrapée le virus du O, et va probablement revenir pour le festiv-O fin mars… cela laissera au connard que je peux être une chance de se rattraper et de s’excuser auprès d’elle pour des méchanceté que je lui ai dite. Chapitre amitié toujours, une des femmes de ma vie et deux frères francais vont venir aussi pour le festiv-O.
Côté cœur, chapitre séduction, mon idyle avec la belle pharmacienne n’a jamais dépassé le regard complice de par et d’autre de sa vitrine, et avec le temps, ce regard s’est fait moins complice et plus poli… c’est la vie… et comme celle-ci est magnifiquement belle, elle m’a fait rencontrer une jeune graphiste (non moins jolie) qui travaille à l’imprimerie qui va s’occuper du cercle et qui s’occupe déjà d’imprimer les affiches que j’ai réalisé pour divers actions du V fectival international de Bande dessinez de Tétouan.
Les yeux agiles auront remarqué une faute d’orthographe dans la dernière phrase, celle-ci est volontaire (pas comme les autres…) et représente mon cri du cœur envers mes frères et mes enfants du monde entier et les appelle à dessiner, et en bande s’il vous plait.

Coté cœur sentimental toujours, j’ai réussi à placer la jolie jeune femme qui occupe toujours mes doux espoirs sur tout plein d’affiches, de dessins et de travaux… héhéhé !

Côté travail, côté cœur, côté famille et amis, tout va donc très bien et cela m’aide à patienter calmement pour voir la pluie cesser et mon linge enfin secher. Ce qui permettra à mon corps de se laver entretenant l’espoir d’enfiler, une fois le récurage accompli, des linges embaumant l’Ariel, ce qui lui permettra de revenir dans des normes sanitaire convenables car préconisée par l’organisation mondiale de la santé.

Bien sur, à un mois du départ, je commence à faire le compte de toutes les choses que je n’ai pas encore réussi à faire, celle que je ne pourrais pas faire et surtout celles qui me poussent à vouloir revenir ici pour accomplir.

Bref, maman, comme tu vois ton fils se porte bien, continue de travailler pour que ses reves se réalisent et apprends chaque jours ô combien ce travail est de longue haleine. Ton fils te remercie aussi pour l’avoir soutenu dans cette voie et pour continuer toujours.

Je vous tiens au courant pour la sortie du numéro 1 et pour ses premières aventures…

vendredi 1 février 2008

SCHAR TKLETA

Ici, les dates ne sont pas importantes pour les mêmes raisons que là où je suis né.

J’ai grandi avec des dates fonctionnelles, contraignantes, mathématiquement obligatoires et surtout indéboulonnables.

Je découvre ici des dates poétiques, des dates qui racontent beaucoup de choses. Beaucoup sur la religion bien sur, mais aussi beaucoup sur la vie. Et ces dates varient numériquement en fonction de la version de l’histoire. Mais seule l’histoire reste, seule l’histoire est vivante. Le numérique attaché à elle n’a que peut d’importance.

Nous sommes aujourd’hui le vendredi 1er février et nous fêtons la saint Jean-sérien. Et bien que ce ne soit pas l’anniversaire précis de mes trois mois de résidence Marocaine, je me permets de clamer haut et fort qu’il est l’heure du fameux BILAN DES TROIS MOIS !

Bilan des trois premiers mois de vie dans le royaume du Maroc, bilan de trois mois de vie et de travail.

Première constatation : mes jours ici sont désormais comptés. J’ai dépassé la moitié du temps que le CGRI me permet de passer ici et mes examens Belges de fin d’année ravivent leur souvenir au son du sablier qui s’écoule inexorablement.

Il me reste DIX semaines pour tenir mes engagements. J’essaye déjà d’opérer le tri me permettant de concentrer mon énergie sur les essentiels. Aujourd’hui, ces essentiels m’ordonnent de sortir les premiers Tomes du O, de finir l’affiche du Festival international de BD de Tétouan, ainsi que d’apporter à son comité mes meilleurs idées et soutien, d’organiser la première fête publique du O, donner aux étudiants de BD les meilleurs bases possibles en leur faisant passer le message que tout est possible en bd, que tout est possible dans l’art et que seul le travail animé permettra de l’effleurer. Je dois trouver celui ou celle qui va devenir maquettiste et graphiste à ma place pour O. Un type ou une gonzesse plus balaise que moi.

Moins de dix semaines pour finir les dessins pour Aziz, Bel Kassem, pour trouver les moyens de venir en aide au douar Tizi. Il ne me reste plus que quelques jours pour rencontrer quelqu’un du ministère de la culture, pour aider Krimo à achever ses histoires, pour finir le projet de Bd pour Movie Mondo ; l’association italo-marocaine qui se propose d’aider les paysans du nord à se reconvertir grâce au tourisme dans un commerce prospère. Aurais-je le temps ?

Le O devait organiser entre le 25 et le 27 janvier sa première fête à Tétouan, Martil ou Chef Chaouen. Elle devait rassembler beaucoup de gens, proposer festivités, art, débats et nourriture terrestre. Elle n’a pas eu lieu en ces termes, pourtant c’est en partant à Martil ce samedi 26 janvier que certaines solutions sont apparues… et si ce ne fut pas la fête dont j’avais rêvée, ce fut un jour important.

Quand Anass est entré dans l’appartement de Youssef il y a un peu plus d’un an, je fus ravi de voir un métaleux Marocain (j’avais déjà vu Hugues l’algérien grâce à olivier, mais ça compte pas c’était en Europe). Il y a un an, Anass avait déjà la passion de la musique metal, déjà un groupe et déjà les cheveux longs. Aujourd’hui ses poils au menton ont poussé, il a participé comme tête d’affiche au premier Festival maghrébin de Metal à Alger (Algérie), et est habité par l’envie de créer une association pour la promotion de l’art et pour tisser l’étoffe qui rendra le « social » plus… social. Il veut surtout d’un site web, organiser des manifestations artistiques et sociales et s’occuper des jeunes.

J’ai rencontré ses parents dans leur appartement. Accueilli par un vinyle de Bob en décoration…

Son père est la deuxième personne mâle que j’ai vu portant une boucle d’oreille. C’est interdit dans le Coran de faire du mal à son corps… son père est aussi le quinze milliardième fumeur que j’ai eu la chance croiser. La télé est allumée « mais c’est que pour avoir une image qui bouge ! Le son provient de là bas (il montre l’ordinateur) c’est la musique qui doit occuper l’espace sonore ! Pas cette foutue télé. » Je suis conquis ! Coca et gâteau trop bon à volonté!

Ensuite Youssef commence à gratouiller, puis c’est au tour d’Anass de faire crier la guitare électrique.

Nous partons ensuite boire quelque chose sur le bord de mer. C’est dans ce café qu’Anass m’explique son projet, que je lui explique le mien. Il veut appeler son association Orifice. Nous avons des objectifs similaires et je crois, complémentaires. Je lui propose de travailler ensemble.

Nous nous revoyons le mercredi suivant, en compagnie de Nabil, Zakaria, Hajar pour la BD, Mohamed pour l’ART CONTEMPORAIN, Said pour le DESIGN, Anass pour la MUSIQUE et Mahdi pour l’ART CULINAIRE. Nous parlons de notre futur commun, consumons mille cigarettes et piétinons sur des détails… quelques heures pour s’apprivoiser. Nous voulons avancer vite. On se retrouve demain, samedi 2 février, à 13 heures dans le même café.

Depuis le dernier message, il y a eu une remise en question du O. Les rythmes, la culture et une foule d’autres facteurs dont certains personnels m’ont obligé à revoir le projet ainsi que le calendrier.

Grâce à Mohamed et la grande claque qu’il m’a mise avant hier soir, j’opère un recentrage autour de ce que je sais faire pas mal : encourager les artistes de BD à donner le meilleur d’eux même en leur proposant conseils, écoute et espoir d’avenir ainsi que de faire mes planches persos. Je dois éviter de brûler les étapes. C’est vrai que je crois très fort en l’expansion du projet O au travers des valeurs qu’il représente… mais laissons l’expansion à l’expansion. C’est aujourd’hui et maintenant qu’il faut faire notre travail. C’est dans « aujourd’hui et maintenant » que je dois essayer de faire au mieux ce en quoi je suis le plus capable.

Mohamed est le jeune homme qui a essayé de pénétrer illégalement dans ce continent européen rêvé par ses parents. Mohamed est plein de courage et préfère me dire honnêtement qu’il aimerait beaucoup s’associer au O car il en partage pleinement les principes mais qu’il est encore trop petit pour m’aider autant que je le voudrai. Il me dit que moi aussi je suis petit encore, alors je dois me concentrer à faire mon petit travail au mieux, et bien sur après, celui là deviendra grand. Mohamed est grand. Il a voulu passer en Europe et s’est fait jeter comme un animal il y a quelques années… il est aujourd’hui invité à la biennale italienne des jeunes artistes de la méditerranée 2008. Il va partir en Europe la tête haute… dans cette tête, un petit « would la haram » (fils de l’illégal – bâtard) l’incite à décamper une fois arrivé sur le territoire fantasmé. Il ne l’écoutera pas. Il va réaliser le rêve de ses proches, et il sait que ceux-ci ne comprendront pas qu’il revienne à la fin de la biennale… mais lui sait désormais que grâce à l’art, il pourra y retourner encore et encore, et ce qui compte, c’est qu’il fasse son travail ici et maintenant du mieux qu’il peut.

Jaouad Diouri a une quarantaine d’années, se porte bien et la courbe de son sourire offre une vision symétrique de son visage en s’associant à la courbe de son crâne dégarni. Il est celui qui a travaillé pour que l’ I.N.B.A qui organise cette année son 5ème festival de BD ai le soutient d’une bourse européenne de 35.000 euros. Il a bien fait son travail et la bourse est attribuée. Son projet contient, entre autres ateliers et manifestation bof -bof ; deux points que je trouve très intéressants : les étudiants de Bd vont animer des stages (4 x 4 heures) artistiques dans des collèges de Tétouan. Les planches réalisées seront exposées. J’ai insisté pour que le maximum d’étudiants participe. Je sais à quel point échanger son savoir et enrichissant grâce au retour du savoir des autres. Particulièrement avec les enfants.

Le deuxième point exaltant réside dans l’appel fait à chaque créateur du monde méditerranéen de 20 à 30 ans pour envoyer un projet d’album BD. Si l’auteur est sélectionné par les jurés, il sera invité à venir comme les 19 autres nominés à participer à un workshop de trois jours pendant la durée du festival. Chaque créateur aura une histoire à faire sur place et celle-ci concourra pour le « prix du public ». Les autres prix pour les projets BD envoyée avant fin mars seront remportés par le « meilleur dessin », le «meilleur scénario » et la « meilleure composition ». J’ai exposé le point de vue de Trondheim que je partage sur ces catégories hasardeuses de notre média, mais les habitudes ont la vie dure… Toujours est-il que je trouve l’initiative de faire se rencontrer des jeunes créateurs de nationalité différente très trop bien ! Je vais pouvoir proposer aux potes de Belgique et d’ailleurs de participer et ptet ils seront sélectionnés et ainsi auront la chance de découvrir Tétouan et ses environs. Jaouad ainsi que Youssef, Leila, Ouazzani et Said composent le comité d’organisation. J’y occupe, depuis que Jaouad m’en a fait la demande, une place de conseiller !

Svesda a grandi sous un régime dictatorial d’Europe de l’est. Elle à 36 ans et lorsqu’elle faisait ses études de beaux-arts, c’était pas 50 croquis par semaines comme j’ai pu le faire, ou encore 20 comme je le demande aux étudiants ici, mais 100 qu’elle devait exécuter hebdomadairement… Elle a vécu sans papier en Espagne durant quatre ans et espère réussir son diplôme d’enseignante lorsqu’elle rentrera en Espagne dans quelques semaines. Elle est très loquace, vivante et talentueuse. Elle est très gentille avec beaucoup de monde, je crois qu’on appelle ça la générosité. Elle m’a offert la copie téléchargée de Persépolis en Français, langue qu’elle ne pratique absolument pas. Elle a piquée une gueulante lorsque nous avons abordés en soupirant avec Lucas (l’espagnol avec qui elle partage la résidence de l’INBA) les passes droits, faveurs et autres trucs malhonnêtes dont nous sommes les témoins ici. Elle nous parlé de son pays natal et du mal que ces pratiques engendre… elle était très énervée et ne cessait de s’excuser de s’emporter si fort. Elle était très sincère et donc très jolie.

Yacine est un étudiant de première année option design ayant passé son Baccalauréat à Essaouira. J’ai rencontré plusieurs étudiants venant de là bas et tous m’ont fait la publicité de cette école. Il est venu il y a cinq mois avec des rêves pleins la tête concernant l’INBA et l’enseignement qui y est dispensé. Yacine n’est pas en Bd mais est venu à la réunion du O organisée mercredi 23 janvier. La réunion du « retour du O ». Yacine est venu mais pas le directeur. Ils n’étaient pas beaucoup ce soir là. J’avais décidé de faire la réunion après les cours car les étudiants étaient en semaine d’exam. Des administratifs, seuls Jaouad et Leila sont venus. Les étudiants, ils étaient une trentaine au début, puis le temps et les photos défilant, ils se sont retrouvés une dizaine. Je voulais une réunion énorme, pleine de gens pour participer et écouter notre histoire à Simo, Mimi, Abdkrim, Smail, moi et les autres. Je voulais qu’ils soient pleins à entendre la situation actuelle des Amazighes de cette région qui m’a accueilli… Ils furent peu nombreux, mais très précieux.

Les photos et les dessins se suivaient sur l’écran et nos bouches à Abdkrim et à moi racontaient ce qui les faisait tantôt fait rire, tantôt froncer les sourcils. Nous avons fini une heure et demi après le début cette réunion que j’avais imaginée grouillante de monde et bouclée en une demi heure. Yacine nous as remercié chaleureusement d’avoir expliqué ce que nous avions vécu et Hajar veux repartir avec nous la prochaine fois.

Cédric à acheté grâce à l’argent de la bourse un modem permettant d’avoir internet chez lui sans ligne téléphonique. Abdkrim, lui, est parti à Mekhnès pour un stage d’animation d’une semaine laissant à Cédric le premier temps de solitude dont cet enfant de la société individualiste Française avait énormément besoin.

Cédric est chanceux sur beaucoup de point.

Mais c’est surtout sur ses amis et sa famille que la bénédiction divine devrait tomber si elle existait. En effet, grâce aux technologies internet et téléphonique, Cédric a pu contacter Olivier, Aurel, Al et Jahk. Saskia, Fatiha, sa mère, sœur et Amélie ont pu le contacter et Martin, vieil ami de Saint Luc a pu lui dégotter un plan pour passer sur France inter en direct afin de parler du O. Cédric à beaucoup de chance, c’est vrai, mais ce con est émotif, et passer en direct sur cette station qui a accompagné toute sa formation professionnelle de prothèse dentaire avec son père (diurne) et toute sa formation artistique narrative (nocturne) fut pour lui une épreuve relativement bien foirée. Je m’en ronge encore les doigts. Mais j’ai aussi la chance de savoir écrire, et j’en ai profité pour rectifier ce tir, cette balle perdue que fut ma première intervention radiophonique en général et France-interienne en particulier. Je vous joins la copie de cette lettre.

« Monsieur ou Madame chargée de lire les courriers pour l’émission de radio « Allô la planète»,

Je suis le jeune couillon boursier au Maroc qui a parlé avec Monsieur Lange en fin d'émission de ce début de mardi 29 janvier 2008.

J’imagine que vous recevez souvent des lettres de regrets d’auditeurs juste après leur passage à l’antenne.

Ces lettres contiennent bien sûrement la liste des choses importantes qu’ils auraient du dire. Des choses essentielles sur leurs projets, donc sur leur vie. Ces auditeurs s’excusent parce que leur petite émotion personnelle a pris le dessus sur l’importance du message qu’ils avaient à transmettre, rendant celui-ci anecdotique.

Je veux, moi aussi vous envoyer ce type de lettre.

Et je veux aussi l’envoyer aux étudiants, amis, frères et sœurs Marocains, famille et amis français, et les autres, tous, que j’ai trop oublié pendant mon intervention.

Je vous ai dit que la bande dessinée n’existe pas au Maroc, mais je ne vous ai pas dit que notre projet pour sa reconnaissance se nomme le O (le cercle en français), et que ce O vise à donner la parole aux humbles et ainsi participer à rendre notre monde meilleur*.

Monsieur Lange m’a demandé ce qui me poussait à faire éclore la bande dessiné au Maroc, et je lui répondu à coté.

Permettez moi de réparer cela.

La bande dessinée peut être pratiquée PAR tous, et elle peut être pratiquée POUR tous**. ¨

Elle parle à l’analphabète, problème encore malheureusement d’actualité au Maroc, en France et ailleurs. Elle parle à l’enfant, sans l’intimider. Elle indiffère l’hypocrite, et c'est tant pis pour lui.

Elle conserve les vieilles histoires qui se perdent et narre les problèmes d’actualité. Elle peut métaphoriser ces derniers dans un espace futuriste ou dans un monde de ninjas. La bande dessinée peut voyager gratuitement, se construire avec une feuille papier machine et un stylo bic, se diffuser grâce à une photocopieuse.

Une fois la traduction des textes effectués (opération peu coûteuse) elle peut voyager et raconter librement. Dans le O, nos histoires seront traduites dans plusieurs langue au sein d’un même numéro***. Le O pourra aider l’enfant de Ouarzazate à retrouver la langue oublié de ses grands parents Amazighe (berbère), à celui de Clichy de apprendre les nouveaux mots inventés dans le dérija, dialecte arabe marocain vivant.

La diffusion gratuite, dans les écoles et associations en faisant la demande par mail, et assurant photocopiage et agrafage, est un de nos moyens de diffusion. La vente (5 DH) sera assurée par les auteurs et toute personne de bonne volonté disposée à le diffuser, gardant pour elle les maigres profits servant à assurer une nouvelle impression est notre deuxième méthode de diffusion. Au dos de chaque exemplaire, un rendez-vous sera fixé, et une fête populaire organisée. Cette fête accueillera chacun en général et la branche musicale du O en particulier. Car la bande dessinée que je représente (quand j’suis pas en direct dans les médias nationaux) n’est qu’un département du O. Anass, leader du groupe de métal marocain WANTED, est en charge du département musique.

Nous espérons prouver que l’union fait la force.

Nous sommes jeunes et voulons exprimer notre fraternité au delà des nationalités, des politiques et des religions.

Nous sommes la génération mondialiste, et, pour nous, ce n’est pas une notion, c’est naturel.

Nous sommes artistes et publics des guerres sanglantes et nous avons choisis nos armes. Elles sont accessibles, tolérantes, respectueuse et visent à terrasser l’ignorance menant à l’extrémisme.

Dans le O, nous sommes tous conscient que nous avons besoin des talents de l’autre pour y arriver.

Le O est pour l’instant composé surtout de jeunes artistes, mais nous avons aussi besoin de l’aide de juristes, jeune ou vieux, de conseillers (là, c’est mieux les vieux), de soutiens.

Pour nous rejoindre, aucun justificatif administratif, dessinez votre icône circulaire et envoyez là à cercle.maroc@gmail.com. Elle ira fleurir sur l’arbre aux icônes de l’imminent site et ne vous restera plus qu’à nous apporter votre aide, en fonction de vos compétences….

Ahhh, voilà, ça va mieux en le disant.

Et désormais, je pense que Laure, Abkrim, Hajar, Sophie, Jahk, Jean-louis, Marie, Antoine, Anass, Mimi, Dan, Said, Cyp, Youssef, Alexandre, Fred, Olivier, Aurèl, Hamid, Saskia, Tom, Viviane, Elodie, Reno, Taiyou, Barbara, la pharmacienne, Smail, Rakia, Madame Nicolas, Gabie, Fatima, Abdallah, Aziz, Julie, Fatiha, Jj, Nabil,Baptiste, Moussa, Troch, Julie, Manon et Margot, Zineb, Arnaud et mimi, Sarah, Zakaria, Pierre, Abdelarim, Amélie, Didier, Abdou, Jeanne, Dom, Jaouad, Sana, Kazuya, Simo, Flow, Pierre, Max, Batoule, Rémi, Michel, Martin, Amou, Emilie, Aurélie, Siam, Brice et kévin, Achraf, Mélanie, Hilary, fella, Romain, Céline, Maraine, Fafa, Eliane, Magida, Mohamed, Bel Kassem,Martine, Merjouba, Jacques, Roger, Ali, Bocas et Max, Malik, Noisette, Gus, Shaïn, Morjane et djibril m’en veulent un peu moins.

Je m’excuse d’avoir pris de votre temps d’antenne et de votre temps tout court pour lire cette lettre.

Je vous joins en copie le numéro 0.1 qui me permis de visiter et d’expliquer le projet aux étudiants à travers le Maroc mi décembre.

Je vous envoie des planches d’auteurs dès que possible.

Merci encore de votre attention

c

é

d

r

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c

Pour le O.

*la phrase peut paraître idiote, mais « on commence à renoncer à l’impossible, ensuite on renonce à tout le reste » Pierrot- « nos années pierrot », Daniel Mermet.

**Rôle essentiel de toutes les expressions artistiques, nous sommes d’accord, mais aujourd’hui, l’accessibilité au plus grand nombre des messages important de l’art est inversement proportionnel avec la montée de ses prix dans les salles de vente (pour ne citer que cet exemple de plantage)

***Français, Anglais, Arabe classique, Arabe dialectal (dérija), Amazighe et Espagnol. Le choix du nombre de version différente de chaque histoire dépendra de sa longueur par rapport à notre pagination. »

Voilà les nouvelles, et, encore et toujours la même constatation : j’ai beaucoup de chance car, grâce aux autres, je deviens plus et me découvre.

Bien, je crois qu’il y a assez de caractères inscrits pour que je n’en remette pas une couche.

Je souhaite aux quelque uns qui ont tout lu une excellente journée.

A ceux qui n’ont pas fini, une excellente activité et à ceux qui ne me lirons jamais, une excellente chance d’employer leur temps de manière plus constructive.

Merci.

lundi 21 janvier 2008

Retour et rattrapage un dimanche soir de 2008

Dimanche soir, 20 janvier.

Le soleil se couche, dans les enceintes, Bob Marley nous implore de nous relever et de ne jamais oublier de nous battre pour nos droits, Abdkrim et Abdelarim dessinent, et moi, je tapote.

Hier, je voyageais en Espagne. Sans quitter le Maroc. Comment, c’est très simple, je vais vous expliquer l’astuce, mais permettez moi tout d’abord de m’excuser pour ce long temps d’absence.

Plusieurs fois je vous ai écris pour vous raconter ce que je vivais, mais toujours il y a eu un empêchement de dernière minute m’interdisant de vous envoyer ces témoignages. Souvent l’empêchement venait de moi et de ma déception face ces textes incapables à exprimer justement ces incroyables expériences. Car, dans la traversée du Maroc qui occupa mes jours pendant trois semaines, j’ai vu, entendu et senti beaucoup. Ces beaucoup m’ont fait beaucoup réfléchir. Beaucoup de sentiments incontrôlés et aucun recul. Celui-ci arrive petit à petit (imik-imik en amazighe).

La quasi stagnation du O et l’impossibilité d’accoucher du 0.2 furent les acteurs principaux d’un vague à l’âme propre au découragement.
Vendredi dernier (18 janvier), devait se dérouler la réunion d’information autour du O et de son avancée depuis mi-décembre. En effet, la majorité des étudiants et des professeurs ne sont même pas au courant que le numéro 0.1 est sorti. Ils savent encore moins pour le premier voyage dans les universités de Casa, Rabat et Kenitra. Ils ne savent pas les avancées qui nous poussent aujourd’hui à nous officialiser par le biais d’une association, ainsi que par la demande de soutien de différents ministères (culture et éducation).
Ils ne connaissent pas les nouveaux espoirs venus des associations maghrébines d’Europe pouvant être intéressées par ce projet de bds traduites en plusieurs langues devenant un outil d’apprentissage de la langue par ces gamins ayant un passé avec le nord de l’Afrique. Un outil d’apprentissage de la langue, une porte ouverte sur la culture, une forme d’expression artistique accessible et populaire.
Aussi, les étudiants de l’INBA ne savent pas que le O a bel et bien un chef. Malgré les écrits du manifeste, malgré lui. Ce chef est incertain, désespérement dépendant de leur soutien, et quand il est malade, il voit tout en noir. Mais je crois qu’ils ont déjà compris tout ça. Je crois que le dernier à avoir pris conscience qu’il était le chef, c’est bien lui. C’est bien moi. Je crois que lorsque tout n’était qu’ascension et espoirs sans limite, la question du chef était secondaire et je l’endossais sans y réfléchir afin de ne pas perdre de temps. Sans aucune conscience des difficultés matérielles et concrètes, c’était facile et naturel. Maintenant commencent à se pointer des impératifs administratif, logistique et lourd à mort. Dès lors, ma position de chef commence à devenir forcément plus chiante…
Et me voici face à ce grand défi avec moi-même. Me donner les moyens d’approcher mes rêves. Car du plus loin que je me souvienne, rêver a toujours été une de mes activités favorites, je suis devenu une sorte de champion en cette matière. Mais, toujours, c’est la concrétisation qui a posé problème. Pour certain je suis courageux et je réalise beaucoup de choses, mais s’ils savaient combien c’est peu par rapport aux nombreuses utopies qui m’habitent ! C’est navrant quand je regarde ma vie par ce coté de la lorgnette.
Mais, parfois, il suffit d’une bonne bière dans un café populaire d’un pays étranger pour se remonter le moral, retourner la lorgnette et y contempler avec sourire l’ampleur de ses rêves et de toutes les bonnes étapes qui jalonnent le chemin pour atteindre la satisfaction d’avoir bien fait son travail et sa vie.
Cette bière salvatrice, c’est à Sebta que je l’ai goulûment ingérée. Sebta à 45 minutes de taxi de Tétouan est une propriété Espagnole en territoire Marocain vieille de plusieurs siècles. Une fois passé les douaniers désagréables et corruptibles, c’est une toute autre vie qui s’ouvre a vous. Une vie européenne, espagnole. Rues tranquilles, façon de marcher et de parler espagnole, conduite espagnole, café, feux rouges, presse, pub et panneaux signalétiques, aucun doute, nous sommes en Espagne. Sebta est un bout d’espagne au Maroc. Les marocains doivent se munir d’un laisser passer valable 24 heures pour y pénétrer. Les habitants de Tétouan, Martyl, Raikoune et Castillo bénéficient d’un passe droit perpétuel, et certains on fait de cet avantage un métier. De 06h00 à 08h00, le trafic s’organise allégrement. Pour ma part, je me suis senti très heureux de fouler les galeries d’un centre commercial que je vomissais il y a encore quelques mois. Je me suis même laissé griser par la fièvre de l’achat et me suis offert, je me suis fait le cadeau d’un manteau d’homme, d’un pantalon d’homme et d’un pull d’homme. Héhé, je déteste faire ça normalement ! Ajoutez à ça le plaisir de « calamar alla plancha » comme ceux de mon enfance et d’une bonne balade au bord de mer en compagnie de mes deux acolytes du jour, Hajar et Mimi et vous trouverez un Cédric heureux.
Le retour s’est effectué en douceur en passant prendre un thé dans un des endroits les plus emblématiques de la Tétouan que j’aime. Une petite place au centre de la médina, au milieux des bijoutiers et des tisseurs où le thé est délicieux et l’ambiance pleine des vieux travailleurs et de la fumée de leurs sebsi (pipe à kif).
Arrivée à l’appart à 20h00 pris des nouvelles d’Abdkrim et raconté ma journée, couché 21h00 et réveillé à 12h30 ce midi. En forme !
Abdkrim a fait les courses, préparé les sardines et il ne nous manquait plus que l’invitation d’amis pour enchanter ce jour béni qui me voit reprendre espoir dans mes projets et imaginer de nouvelles solutions aux problèmes.

Mercredi 23 aura lieu la réunion autour de ce qu’on a appelé sur l’affiche « le retour du O ». Le directeur de l’institut, de retour de voyage, sera présent, plusieurs profs aussi. Seront abordés les avancées, nouveaux objectifs, et nouveaux besoins du O. Une aide sera demandé à l’assistance. Pour cela, un nouveau contrat d’introduction dans le O a été imaginé par Abdkrim. Pour le remplir c’est assez simple : une page devra être remplie par le nouveau membre. Elle pourra être écrite (remplie) de toutes les façons possibles et imaginable et aura pour but de répondre à cette question : « Selon vous, qu’est ce que le O devrait rendre meilleur et par quels moyens pouvons-nous y arriver ? » Cette page devra être signée de l’icône circulaire de l’auteur. Voilà peut-être le bon moyen d’impliquer les gens. Cette méthode fera partie des modifications du numéro 0.2.

Je me rends compte que je ne vous ai pas parlé de Ouarzazate, de la famille de Smail et de sa sœur m’ayant appris une technique traditionnelle de lange du nourrisson, technique que je transmettrai à Céline pour son fils, et p’tet à Aline si elle veut avoir un deuxieme bébé car Baptiste va commencer à devenir trop grand… mais voilà, je me perds dans tout ce qu’il y a à vous raconter. Je ne sais plus très bien ce que je dois écrire sur ce blog.

A la demande de ma sœur, je vais inclure à ce message les moments d’écriture que j’ai eu depuis que je ne vous ai vu sur la toile. Je ne suis pas fier de ces articles, mais Barbara voulait les lire, alors s’ils vous ennuis, prenez vous en à elle.

Je ne les ai pas retouchés donc vous allez trouver des redites et plusieurs « retrouvaille avec vous ».
Je les ai classés par ordre chronologique, par souci de clarté.
Bonne lecture.

MERCREDI 25 DECEMBRE 2007
Arrivé à Salé












Je suis dans la maison que le père d’Abdkrim a construite il y a 25 ans sur le terrain que les autorités lui ont donnés en remplacement de sa barque dans un bidonville. Je partage la chambre avec Abdkrim, son neveu Abdallah et un cafard reluisant.

Aujourd’hui j’ai passe la journée à la rencontre de Salé. Nous avons quitté la maison familiale vers 09h00 et y sommes retourné 13 heures plus tard.
Notre activité ? Marcher sans arrêt au rythme des informations flot continu déversées par un Abdkrim excité de me faire visiter son territoire, attentif au moindre stigmate d’un éventuel changement ou d’une histoire passée.
Repas de pain-sardines sur le bord de mer à Rabat, nous sommes tous les deux fatigués. Sur le retour nous parlons peu, moins que d’habitude on va dire. Salé aux indiens et Rabat aux indébériches. Nous avons croisé beaucoup de gens. Beaucoup de gens. Nous avons dessiné au café sur la commande d’amis d’adolescence à lui.
Une fois rentré, nous avons retrouvé toute la famille, nous avons discuté, il a traduit et on a rigolé.
La mère d’Abdkrim dit des paroles qui vont directement au fond du cœur. Elle est impressionnante. C’est le genre de personne qui vous confirme que le regard au fond des yeux est essentiel pour communiquer. Les trois enfants, timides au début, montrent leurs dessins, brisent la glace et me donnent une leçon d’Amazighe. Ils parlent déjà bien français. La grande sœur d’Abdkrim est là aussi. Ce moment avec eux est mon réveillon de noël. Je les remercie de l’avoir partagé avec moi.
Repas délicieux, mais vu que l’homme s’habitue à tout, leur répétition baisse la surprise et rend ce moment banal. Ce qu’il y a c’est que beaucoup de nourriture est délicieuse pour l’étranger que je suis : du pain nu au couscous familial en passant par le sandwich a 3 dh, tout est fabuleusement savoureux. Donc ce soir, le repas est délicieux, comme d’hab’.
Hier la mère d’Abdkrim m’a dit qu’elle était satisfaite de moi parce que je mangeais ce qu’ils m’offraient à manger. Des amandes grillées et du thé. Je mange plus que de raison pour lui faire plaisir.

Après toute une ribambelle de questions sur ma chrétienté, musulmanité ou judaïcité et après tous les arguments déployés sur mon agnosticisme, j’ai presque enfin réussi à trouver ma foi, où plutôt ma manière d’expliquer que ce n’est pas parce que je ne suis pas monothéiste et que je ne suis d’aucun dogme que je ne crois en rien.
Nous sommes tous frères car on est tous issus du même tout et on retournera tous au même tout ; entre ces deux extrémités, on galère tous à essayer de savoir « de où ? » et «vers quoi ? » , les religions n’étant chacune qu’interprétation diverse et variée de ce phénomène. Meshi mouchkil (pas de problèmes).
La religion pour justifier la vie et surtout la mort. C’est pas neuf mais j’y crois fort.
Putain de barrière du problème de la peur de la mort chez l’homme (mouchkil).

Safi baraka.

Daba (maintenant) on est le 25 décembre et certains disent qu’Issa est né aujourd’hui il y a précisément 2007 ans, d’autres disent que le cadeau est pas celui qu’ils avaient commandé au papa noël et d’autre encore que « chat » en amazighe, ça se dit « amouche »

Nous partirons après-demain à Tizi, dans le sud vers la terre d’origine de la famille Ssouri qui m’accueille aujourd’hui comme un fils.


LUNDI 31 DECEMBRE
JE SUIS SEUL
Je suis seul en ce jour de réveillon de la 2008ème année.
Pour des raisons orthopédiques, mon frère Abdkrim est parti seul en vadrouille dans les montagnes et douars avoisinant, me laissant à une convalescence forcée et utile. Celle-ci me permet d’observer les taches ménagères qu’une femme de la campagne doit accomplir. C’est assez hallucinant. Rakia est une force volontaire et efficace. Peut-être tire-t-elle cette puissance des chants qu’elle fredonne et qui l’accompagnent partout.

MARDI 1 JANVIER 2008
RETROUVAILLES


Je pars demain à cinq heures du matin.
Je pars demain, je quitte cette place introuvable sur une carte routière, un lieu qui m’a bercé de ses louanges.
Je quitte le douar Tizi et ses habitants, derniers représentants des coutumes du peuple Amazighe.
Je quitte une terre dure où le climat glacial de l’hiver et étouffant de l’été forge les hommes et les femmes.
Je quitte ces femmes au courage vaste comme le paysage que je contemple en ce moment, du sommet d’une montagne face au soleil rose orangé qui se couche.
Je quitte Rakia, la tante usée d’Abdkrim restée l’unique gardienne des traditions familiales avec sa fille Fatima tandis que son mari et ses fils vivent à la grande ville, Salé, pour y gagner de l’argent.
Je quitte les rares hommes venu à l’occasion des vacances de l’Aid rejoindre leur femme.
Je quitte Mohamed, sa trentaine d’année et son statut de président de la petite association du douar Tizi. Mohamed et ses histoires d’émigration dû à l’exode rural (80 % des homes depuis 20 ans). Je quitte ces maisons traditionnelles tombant en ruine suite à leur abandon par les anciens propriétaires désormais citadins.
Je quitte ces montagnes où porc-épic, gazelles et loups se raréfient à l’inverse des sangliers récemment parachutés (ce n’est pas une métaphore) qui pullulent et détruisent les quelques mètres carré encore cultivés par les femmes et les vieux (10% selon Mohamed).
Je quitte cet univers pieux où la religion conjugue le rassemblement avec le partage des richesses envers les plus démunis.
Je quitte le silence parfait rendant la marche introspective seulement coupé par le chant puissant et profond d’un berger s’entraînant pour le prochain ARWESH (fête populaire) ou il y affrontera le champion d’un autre village dans un joute poétique.
Je quitte cette maison aux portes ouvertes laissant pénétrer les oiseaux dans les pièces afin qu’ils se régalent des miettes de nos repas. Je quitte cet autre oiseau annonciateur de bonne nouvelle par son chant « tikit-tikit » qui se traduit par « maintenant » en Amazighe. Je quitte ces enfants fascinés par le dessin et mes tours de passe-passe minables, ces enfants qui seront séparés vers 7/ 8 ans les garçons rejoignant frères et père en ville. Je quitte les jeunes filles qui sont restées et sont devenue de belles jeunes femmes, et que l’on rejoint traditionnellement près du puit, du virage, ou des rochers là-bas à la tombée du jour et qui veulent profiter de cette saison de vacances riche en homme pour y trouver le mari qui leur fera quitter cette terre. Je quitte l’Aghioule (âne) qui définit les amazighes de cette région (ce dont ils ne sont pas très fiers) et qui transporte cette eau (amen en Amazighe) devenue rare au cours des dernières décennies.
Je quitte ces gens qui ont placé sur mes épaules l’espoir d’une reconnaissance de leurs problèmes et d’une aide à l’échelle nationale et pourquoi pas internationale.
Je quitte le marché hebdomadaire de Had dimaoun (le dimanche des portes ) et Abdrahmen, cuisinier et musicien talentueux m’ayant offert son tarbouche (chapeau) de laine me réchauffant idéalement et m’octroyant l’honneur d’être confondu avec lui car « c’est son préféré et il le porte à longueur d’hiver».
Je quitte ces lieux magiques où selon un berger croisé sur le chemin, des grottes remplies de dessins étranges sont cachées dans des lieux seulement connus de lui.
Je quitte cette planète où le premier infirmier est à une heure de voiture par la piste.
Je quitte le douar Tizi et sa seule voiture qui nous emportera demain matin vers Irghem, d’où nous prendrons le taxi vers Terroudant (ville natale de Chirac selon une rumeur vivace et locale) puis le bus vers Ouarzazate. Là-bas, nous retrouverons Smail, le frère ayant quitté Tétouan pour cause d’asthme mortel.
Je quitte ce pays qui m’a frigorifié, bousillé le dos, à moitié arraché le petit orteil et émerveillé à m’en faire vieillir le cœur de dix ans suite a la multiplication anormale de ses battements.
Je quitte douar Tizi, douar Addeï, douar Tagragra, douar Tamageout, douar Timzit, je quitte Rakia, Fatima, Abdkader, Addi, Mustapha, Mohamed, Abdrahmen, Meakki, Marie, Tehami, Si brahim, je les quitte, mais seulement pour un temps, je leur en ai fait la promesse…
Le soleil rase maintenant l’horizon, le froid se fait progressivement plus présent et le shibani (vieil homme) que je suis va se saisir de son briquet diode et regagner cette maison où le café est toujours chaud, les gâteaux toujours frais et le tout servi par cette dame souriante d’une quarantaine d’année au visage et aux mains creusé par la vie. Cette femme m’a donné une grande leçon de courage. Abdkrim m’a dit que Rakia était aussi une grande poète. Ca ne m’étonne pas. Pour ceux qui ont la chance de la connaître, elle me fait penser à Mme Nicolas.
Je les quitte et vous retrouve demain sur internet… la vie est bien faite non ?

Au fait, bonne et belle année 2008.
Je vous souhaite de venir ici.


SAMEDI 12 JANVIER 2008
PITOYABLE

Samedi 12 janvier, sur le STA (terrasse) de notre nouvel appartement. De retour à Tétouan depuis mardi soir. 4 nuits et trois jours de règlements de compte qui n’en finissent pas. Le travail ne peut avancer dans cette maison pourtant porteuse de tant d’espoir, que je maudis très très fort désormais. Les matelas placés par Si Mustapha sont à vomir de saleté et de poussière, comme tout l’appart d’ailleurs. Les oreillers d’Abdkrim que nous avions stocké dans le placard ont moisis durant notre absence et le froid s’allie à l’humidité pour empêcher un sommeil réparateur. Mon dos (si on peut encore qualifier de dos cette zone de douleur aigue comme cela) ne cesse d’empirer sa situation et donc la mienne. Les plaies de ma cuisse et de mon pied se refusent à cicatriser. L’angine et le rhume servent à enrichir une ambiance sonore déjà pleine d’éternuement, de mouchage et de « putain de merde !». Bref, je paye les dizaines d’heures d’autocar, les dizaines de nuits glaciales, les centaines d’heures de sommeil absentes et les milliers de grimaces esquissées suite à la décharge électrique d’une colonne vertébrale en piteux état où à la brûlure d’un pied en décomposition.

Ah ! Ben ça va mieux en le disant !

Mais plus que la souffrance et leur constat, c’est la stagnation du projet O qui me pèse salement. Le numéro O.2 est presque prêt, il me faudrait juste un ou deux jours de concentration effective pour pouvoir l’envoyer… En parlant d’envoyer, je suis désolé de n’avoir pas encore pu envoyer 0.1 à ceux qui en ont fait la demande mais je n’arrive vraiment pas à maîtriser la boite mail google (je me rassure en me disant que c’est tout le Maroc qui a un problème avec google- je vous ai déjà raconté que google earth est interdit et inaccessible ici ?) donc dès que je retrouve le peu de force me servant me traîner vers un cyber, je vous l’envoie de hotmail.
Pour changer de registre, pointons les magnifiques choses survenues dans la vie de votre serviteur :
Je crois avoir grandis de plus de 10 ans lors des trois semaines qu’auront duré ce voyage.Les gens croisés, les lieux, les situations rencontrées et les problèmes à résoudre furent extrêmement formateurs dans cette école que je respecte qui s’appelle l’école de la vie. Ceci est tellement vrai qu’en tapant ces lignes, donc en essayant d’exprimer au mieux ce qui s’est passé, le premier paragraphe me paraît un prix bien peu élevé a payer (ainsi qu’une jérémiade bien peu honorable).
Le projet O a encore séduit beaucoup de monde et ces personnes ont encore participé à rendre ses objectifs plus précis et les moyens de les atteindre plus efficaces. Ce projet est pour l’instant la preuve concrète que la réunion, l’écoute respectueuse et le partage avec l’autre permet de déplacer des montagnes… bien sûr ce qui fout un peu la trouille, c’est que les montagnes, pour l’instant, elle ne se déplace que sur le papier ! Ce qui fout encore plus la trouille, c’est que je suis pour l’instant, le principal moteur de ce projet et se pose donc la question de la suite du O lors de la fin de ma bourse au mois d’avril.
Mais la question est prématurée.
Les numéros 0.2 et le tome l doivent déjà paraître en bonne et due forme, ce qui implique que le O soit une association officielle, que nous ayons un dépôt légal, un droit de diffusion et que les blasons du ministère de la culture, voire de l’éducation, et pourquoi pas de l’IRCAM ( Institut Royal de la Culture Amazighe) trônent sur la couverture. Or, pour obtenir ces soutiens, il me faut les demander. La lettre écrite est quasi prête (recto), et la BD (verso) est déjà découpée… mais je me retrouve face à mes démons, des choses « quasi », « presque », des « bons débuts » « bonnes idées », que mes profs de collège sanctionnaient par l’éternel « peut mieux faire ! », sauf que je suis plus au collège maintenant, aujourd’hui je travaille dans l’élément qui me faisait déjà rêver a cette époque (a part les filles), l’art, l’art au sens large, aussi large qu’il embrasse ce que certains qualifient de social, de divertissement, d’humanitaire ou de spectaculaire.
Je suis dans une partie que j’ai choisi de jouer, pour toutes les bonnes et les mauvaises raisons. Je suis de ceux, peu nombreux, qui ont eu la chance de choisir. Pourtant, est-ce notre lot commun à nous, les veinards qui ont eu la chance de choisir, que parfois arrive l’empoisonneuse question : « est-ce le bon choix ? »

MERCREDI 16 JANVIER
CEDRIC LIANO, 26 ANS, CELIBATAIRE


Mes amis je reviens de loin et ce n’est pas peu fier que je vous tape ces lignes !

J’ai parcouru quelques centaines de kilomètres, ai traversé quelques époques et réfléchis à quelques trucs importants du genre qui vous filent quelques cheveux dépigmentés.

Il est maintenant 03h40 de ce mercredi 16 janvier et les chiens errants, tel les loups qu’ils furent jadis, hurlent un concert dissonant et légèrement terrifiant comme toutes les nuits depuis mon retour à Tétouan (une semaine).

Au sud, les chiens de montagne que j’ai eu l’occasion de croiser servaient essentiellement à deux taches : garder les moutons et alarmer les habitants que des étrangers pénétraient dans le village. Ici, en ville, le rôle des chiens ressemble plus à ces humains qu’ils fuient avec célérité, ils survivent.

Il y a trois semaines, lorsque j’arrivais a Salé, le roi Mohamed VI venait de passer pour y inaugurer un tramway devant relier Salé et Rabat en 2010. Sale jour pour les chiens errants. La veille, un fusil les traqua dans les quartiers populaires et les extermina. Smail, chez qui j’ai eu la chance de passer a Ouarzazate et à qui j’ai raconté l’histoire fut choqué et me raconta que chez lui les fusils n’étaient pas de la parti, c’étaient les camions qui les ramassaient la veille de grands événements royaux. Leur destination ? Inconnu de mon ami Ouarzazati.

A l’institut des beaux-arts, il y a un chien, lointain cousin bâtard d’un labrador. Il s’appelle Max et est aimé de tous les étudiants. Ce gros feignant est manipulable sans la moindre réaction lorsqu’il sèche au soleil, mais ne se laisse approcher que sous promesse de nourriture ou d’une intimité avérée lors des nuits et des jours de pluie. C’est une sorte de mascotte et c’est aussi le gardien de l’école quand il en a envie. Le directeur dit que c’est un fonctionnaire au même titre que le gardien. Il dit ça au gardien.

Hier, je suis me suis rendu, au bord du désespoir et de l’épuisement physique chez un médecin officiel installé en ville. C’est important qu’il soit officiel car durant les quatre jours où, à demi mort où je polluais l’appart qu’abdkrim suait à rendre propre, j’ai découvert que tous les amis et personnes qui passaient étaient médecins. Je fus le cobaye de certains de leurs remèdes et acquis la certitude qu’un médecin Officiel me ferait le plus grand bien.
Leila, mon ange gardien de l’administration me conseilla son toubib et m’indiqua son adresse. Une fois passé une grosse heure en grosse suée dans la salle d’attente à dessiner sur commande le portrait des assistantes, je rentre dans le cabinet et y trouve un vieil homme souriant et manifestement honoré de devoir ausculter un français. Il se senti obligé de faire tous les bons gestes appris à l’école et ausculta ma gorge en y plongeant le bâtonnet pour appuyer sur la langue. Comme ils disent de faire à l’école. Malheureusement pour moi, je pense qu’il opère cette action, depuis très longtemps, à l’aide de son doigt car point de joli bâtonnet lustré en ma bouche malade mais une sucette à la poussière tiré d’un gobelet vieux comme son diplôme. Afin de ne pas le vexer, je pris mon mal en patience et crachais cet indélicat parasite buccal lorsqu’il virevolta vers une machine archaïque et hors d’usage de la taille d’une machine à faire des radios, dans laquelle il me fit renter pour la forme tout habillé afin d’y prendre quelques clichés improbables. Je pense qu’il a réalisé tout ça par gentillesse et souci de son patient de marque. De quelle marque ? Made in France… Plus ça va, plus je me rends compte de l’extraordinaire influence de ce hasard qui fait de moi un français sur les papiers.
Français…
Du côté de ma mère, les origines sont 50 % française et 50 % inconnu (cause : orphelinat) et du côté du père, c’est 50 % italien, 50 % espagnol et tout ce monde né sur sol Marocain sur 2 générations… Français, mon cul !
Ces papiers me font traverser toutes les frontières. Ces papiers me donnent une aura surnaturelle dans les montagnes au sud du Maroc. Je deviens le prétendant idéal. Je revêts le costume du sauveur qui va ouvrir les portes des aides humanitaires, celui qui sait et qui agit. Dans les villes, ma française langue inspire le respect et l’emploi de mots savants impressionne beaucoup les huiles qui le mérite. Lors de mes voyages, lorsque je me rends chez les familles de mes amis, je cumule les deux chances d’être le daief (l’invité) et d’être gaouli (étranger) européen. Cette nationalité qui me fut offerte par l’émigration de mes grands parents paternels et par la qualité de la cour faite à ma mère par mon père quelques années plus tard m’apparaît comme une malédiction lorsque je pense a l’actuel régime raciste sévissant en France. Pourtant, ici, cette carte d’identité se révèle une bénédiction, certes s’accompagnant d’un certain poids, mais globalement positive.

Sans communication avec vous depuis noël, je devrai vous expliquer pourquoi. Je devrai vous écrire le compte rendu de mon voyage qui me fit traverser le Maroc. Je pourrai vous expliquer Fès, Sale, Rabat, Casa, Terroudant, Ighrem, Tizi et Ouarzazate. Leur architecture, les ambiances de ces villes si différentes et leur population métissé. Je devrai vous parler de ces familles qui m’ont accueilli et de leur grande bonté envers moi, de leur regard familier et bienveillant et désormais de leur souvenir ému et grave. Je devrai, mais, est-ce par égoïsme où par manque de recul, je n’arrive pas à écrire pour eux. Pas encore. Je crois que c’est par manque de talent d’écrivain. Par stupidité.
En effet, chacun aura remarqué que ces lignes sont le fruit d’une sorte de défouloir improvisé. Cette technique permet de traduire certaines choses librement et parfois avec quelques touches d’un lyrisme me faisant marrer et ayant, au dire de proches, la faculté louable d’être communicatif. Mais cette forme d’expression ne me permet pas de narrer, sans la tronquer, la véritable beauté que j’ai croisé dans les êtres humains pendant cette traverse. Et je ne veux surtout pas les tronquer. Ils s’appellent Merjouba, Hassan, Abdallah, Amou, Belkassem, Rakia, Fatima, Mohamed, Abdelkader, Abdrahmen, Aissa, la mère de Smail, ses 3 sœurs, son beaux frère, Soufiane, Aziz et Latifah, mais déjà je tronque la liste…
D’eux, j’ai compris la générosité naturelle du partage à l’autre, celui qu’on ne connaît pas. J’ai appris la division en deux lorsque l’on mange avec son frère, et, la division forcément inégale d’un pain et d’une boîte de sardine qui sera a l’avantage de l’ami.
Dans le train, le bus, ou la rue, tu ne mange pas seul. Quelqu’un ouvre une boîte de gâteau et si tu as croisé ses yeux auparavant, c’est avec le sourire qu’il te la tend et avec la moue si tu lui refuses. Le partage est naturel. Bien sûr la nature fait bien les choses et certains malins attentionnés se feront une joie de partager ton portefeuille avec eux sans ta permission, mais cela est pour moi de l’ordre de la rumeur…

Le travail est pour l’instant complètement arrêté. Je pense que le O est mort et que jamais nous n’y arriverons. Bien sûr, c’est faux, mais la nuit, les chiens et le froid me font croire ça.

Vendredi nous présenterons le voyage et les nouveautés du O a l’école en présence du directeur, de profs et des étudiants. Nous remotiverons les troupes et celles-ci me remotiveront. Comme a chaque fois, enfin j’espère.

A Essaouira, beaucoup de chiens errants, craintifs et maigrichons jouent à cache-cache avec les habitants et grognent férocement si l’on s’en approche. Pourtant, quelques jours chaque année, ces coyotes se refont chiots sous les mains potelées de touristes caravaniers se retrouvant du monde entier en un festival célébrant leur amour du toilette chimique - salon/lit- mezzanine au dessus du volant. Les loups sortent alors de leurs tanières et viennent profiter d’une nourriture abondante, exotique et régulière négociée par quelques caresses et léchouilles. Ils dorment et vivent à côté de leur bienfaiteur de la semaine en bon toutou. Les plus faibles n’ayant trouvé de protecteur étranger se contenteront de roder autour du camp, évitant toujours les autochtones, espérant quelconque miette. Une fois les vaches à lait reparties, le retour à la vie sauvage s’opère… jusqu'à la prochaine visite royale.

Il est 05h30, l’appel à la prière retentit, les chiens braillent, les coqs joignent généreusement leurs chants, Abdkrim ronfle et mes paupières picotent.

J’espère un jour pouvoir vous raconter ces gens que je croise et qui me change, et surtout vous offrir de ce qu’ils m’ont offert. Je crois que c’est ça mon travail d’artiste.

VENDREDI 18 JANVIER 2008
Espoir avoir est-ce poire être? (merci Al)

Dans notre appartement, lavé, récuré et désormais assaini de nos maladies respectives et saisonnières (grippe, rhume et angine) nous prenons du repos. Depuis notre retour nous avons baigné dans la poussière, les microbes et le moisi. Maintenant, grâce à Abdkrim c’est bien, tout est réglé.

Demain je prends la route de Sebta afin de m’éviter le plaisir d’être illégal au Maroc, les passeports français ne permettant qu’un séjour de trois mois sans motifs précis. Pourtant des motifs précis, j’en ai plus qu’il n’en faut, mais pas le courage de perdre des jours dans les administrations pour les officialiser. Donc, un aller-retour par la frontière de Sebta et le tour est joué, je sors du royaume du Maroc, pénètre en terre Européenne Espagnole puis revient au Maroc et tout ça en moins d’une heure. Ca risque de prendre plus de temps car je vais en profiter pour visiter la ville et y acheter quelques trucs essentiels comme du tabac a rouler pour moi, quelques bombes de peinture noire et blanche pour le O et une marque très précise de gel douche espagnol dont tonton Aziz est friand : le « Cross Men » en bouteille verte !
Une journée, deux pays, deux tampons de plus sur mon passeport et la conviction renforcée que l’idée même de frontière est stupide et injuste. Beaucoup d’amis d’ici ne peuvent venir même s’il le désirent. Un passe droit existe pour les habitants résident dans un rayon de 40 kilomètres et certains en on fait un métier. En effet, entre 06h00 et 08h00, le trafic organisé bat son plein. Je pense que j’y serai vers 09h0 et viendrai grossir le rang des privilégiés du coin venu profiter du bon temps d’un shopping et d’un bon hamburger au MacDo.

mardi 25 décembre 2007

Le petit Issa est arrivé... il y a 2007 années... mon oeil !

Il existe une tradition partagées par quelques personnes qui consiste à s'offrir des cadeaux à certaines occasions.
Ca peut paraitre étrange d'attendre une occasion pour faire un cadeaux à une personne qu'on apprécie ou qu'on aime. Comme aussi il peut paraitre étrange de faire un cadeau à une personne qu'on aime pas à cause d'une occasion... m'enfin...

De mon coté je voudrai faire un cadeau qui vaut des millions de sous : la version 0 du projet O.
-Celle là même avec les fautes d'orthographes et les dessins illisibles à la photocopie.
-Celle là même d'avant le premier voyage Marocan qui modifiera beaucoup et qui donnera naissance à la version 0.2.
-Celle là même qui restera une querelle de chapelle pour les historiens du futur.
-Celle là même qui enrichiera un temps quelques falsificateurs.
Pour l'obtenir, envoyez votre demande par mail à cercle.maroc@gmail.com. Une fois le fichier téléchargé, imprimer le, agrafez le en son centre et placez le dans une vitrine, ou dans un coffre si vous êtes plus peureux.

Bien entendu, je compte sur vous pour ne point le diffuser, d'une part pour créer cette rareté qui assurera le futur de vos petits enfants, et surtout parceque je vous enverrai la nouvelle version corrigée(0.2) afin que celle-ci passe dans le plus grand nombre de mains valeureuses autour de vous... et ça, si vous m'aimez bien, c'est le plus grand cadeau que vous puissiez me faire en ce jour de Noel et en cette veille de nouvelle année.

Penez bien soin de vous et de vos proches, et si possible des autres, s'il vous en reste la force.


les plus malins l'auront compris mais le nom de Jésus en Arabe, c'est Issa...

samedi 22 décembre 2007

Aïd el Kbir...

Samedi 22 décembre.

Hier était une journée spéciale. Les rues étaient vides, seuls quelques barbecues de fortune installés ça et là par des enfants désireux de gagner quelques dirhams en calcinant les têtes et pattes des infortunés moutons assez gras et vieux pour être sacrifiés.

Dans la famille de Simo, il y avait deux endroits importants : chez son frère et chez ses parents. Son frère habite au rez de chaussée d'une immeuble de 4 étages. Une cour centrale et commune fut le théatre des opérations. 5 moutons attendaient patiemment la mort, le décapitage, le dépeçage, le vidage et le mangeage. Des bouchers professionels et itinérants passent leur journée à éxecuter leur besogne. Dans la cour, les hommes observent, aident un peu les bouchers, boivent un thé, rigolent. Les femmes aussi rigolent, elles préparent, découpent nettoyent et fredonnent des ritournelles. La nièce de Simo, Rehab, pleure un temps puis sort jouer avec un gamin de son âge.
Lorsque j'arrive dans cette cour, je suis à peine reveillé, impressionné par ces rues pleines d'une fumée poisseuse et d'un ciel qui pleure. Acceuillit chaleureusement pare Foued et Sana (frère et bell esoeur de Simo), puis par tous les autres... il y en a même une qui dit à Simo qu'elle ne serait pas fachée de se marier avec moi. Il y a aussi les têtes pas encore transformées en charbon qui m'observent avec un oeil de travers. J'ai le ventre qui se rebelle. J'ai un temps la vilaine impression que je vais dégeuler au milieu de cette fête populaire... la hshouma (la honte). Mais je me reprend et garde en moi ce trop plen de nourriture vagabond.
Les premiers plats dégusté sont le coeur, le foi et un autre organe que mon savoir anatomique à oublié de mémoriser. Ces abats sont préparé en brochette et dégustés avec le pain. Délicieux. C'est assez étrange et agréable pour le petit citadin européen que je suis de manger un truc qui fut irrigé par le sang vivant d'un animal qui est mort il y a moins de deux heures.
Retour chez les parents. Le père de Simo alpague deux bouchers et les invite a se grouiller de venir préparer son mouton.
C'est sur la terrasse de leur immeuble moderne qu'a lieu en tout hate le sacrifice. En effet, cette année, l'Aïd coïncide avec le vendredi, donc double prière ( le vendredi est la journée importante de la semaine pour un musulman) et le père est presque en retard pour se rendre à la mosquée ou la prière est dirigée par un Imam très populaire car indépendant des injonctions étatiques. En effet, depuis les derniers attentats de Casablanca du 16 mai 2003, les autorités donnent aux Imams un thème obligatoire pour la prière du vendredi. L'imam de cette mosquée appréciée de Fes aborde rapidement le thème obligatoire si celui-ci ne lui convient pas et ensuite parle de ce qu'il souhaite.
Petite précison : dans la religion Islamique, l'imam est l'homme qui dirige la prière, et, à l'époque du prophète Mohamed (Mahomet) une de ses femmes (Aicha sa préférée) et donc toutes les femmes pouvaient aussi diriger la prière. Aujourd'hui, n'importe quel musulman mâle peut diriger la prière et donc porter le titre d'imam. Le seuls conditions sont d'être le plus savant des passages du Coran, le plus bon dans son coeur, et souvent d'être le plus vieux (et d'avoir les bon chromosomes bien entendu). Par exemple, lorsque 4 musulmans prient dans un même lieu, l'un d'entre eux est désigné pour être imam. La prière commune est plus bénéfique que la prière solitaire me dit Simo...
Bref, le père de Simo égorge le mouton de mes insomnies et file à la mosquée. Je suis seul avec eux et prends des photos. Les bouchers le laisse se vider un peu et dans un geste brutal condamné par son complice, l'un des deux fait pénétrer ses mains dans la plaie béante et brise les cervicales de mon ex-voisin de balcon. Lorsque je dis ça plus tard à Simo, il est furieux. Il est obligatoire de le laisser mourir tranquilement par respect pour lui. Il ont fait ce geste pour accelerer le schmilblik et pouvoir passer au suivant. Ils préparent la bête à moitié et demande une forte somme, ce qui enerve Simo. C'est ensuite au tour de la mère et de la grand-mère de Simo de travailler.
Nous retournons chez son frère.
Nous revenons chez ses parents.
Nous sortons avec ses amis. Direction le café ODYSSéE. Beaucoup de jeunes gens, filles et garçons. Je parle du O et, comme à chaque fois desormais, les gens sont très receptifs. Grâce à ces nouvelles discussions, comme à chaque fois, le projet se précise. Cette fois-ci, nous sommes dans un nid d'informaticiens. Le site web du O se discute autour d'un café très noir. Les idées et les mails sont échangés. La discussion dérive ensuite sur le confli israelo-palestinien amalgamé avec les problemes religieux. Une fois desamorcé cet amalgame, c'est le gouvernement, et pas le peuple (attention aux amalgames), américain qui subit les foudres d'une dizaines de jeunes hommes. La discution s'étire et passe en revue les horreurs du siècle passé en matière de politique internationnale Américaine, je leur en apprend un peu plus. Bien entendu, j'en profite pour faire un peu la publicité du président des Francais. Nous rigolons pour ne pas pleurer. Nous nous posons les sempiternelles questions de comment changer cet état de fait et nous accordons sur une réponse : l'union de la majorité des petits face à le minorité de ces quelques grands qui nous écrasent. Je pourrai soupirer comme je l'ai si souvent fait en réalisant l'impossibilité de ce voeux, mais je souri car desormais je peux avancer une réponse... vous avez deviné laquelle?

Sur le chemin du retour, je lève les yeux au ciel. Autour de la lune, les nuages sont organisés en un cercle parfait d'un gigantesque diamètre. Simo a les larmes aux yeux car il y voit une intervention divine.

Arrivé dans l'appartement familial j'invite la mère et la soeur à observer ce phénomène. Cette dernière nous dit que nous sommes sur la bonne voie, que nous n'avons pas à nous inquieter car nous sommes protégés.

J'en suis bien convaincu.

jeudi 20 décembre 2007

envie de meurtre matinale...

Jeudi 20 dec.10h00.
Impossible de dormir. Le mouton, sur le balcon, a décidé de s’engager dans un grand monologue. Il bêle vraiment très fort. Il y a moins de 24 heures, je lui caressais la tête avec une pointe de pitié au bout des doigts. Maintenant, c’est avec un soupçon de haine et un esprit revanchard que je l’imagine égorgé demain matin. Les sentiments humains sont changeants.

Simo et Mimi dorment paisiblement les salauds.

Je songe à mon futur dans cette aube mélancolique.
Forcément c’est pas la grande pêche. Je me demande où j’ai envie de continuer mon histoire après la fin de cette année scolaire. Il me faut ce putain de diplôme de prof pour avoir la liberté de me balader ou bon me semble avec un statut impeccable. Je suis déjà peiné de devoir quitter le Maroc au mois 4 (avril) car je ne sais pas si j’aurai eu le talent faire vivre le O et surtout celui de lui faire me survivre… Beaucoup de questions sur le travail que cette période de vacances n’arrange pas à résoudre ou rassurer. Comment vont se comporter les ambassadeurs, comment vont réagir les lecteurs, comment je vais tenir… tout cela, je dois pour l’instant le laisser au futur et me concentrer sur ma haine de la bestiole laineuse qui me vole mon repos. C’est plus simple.

Ou plutôt, reprenons le cours de ce que je dois vous raconter...

Revenons donc sur ce nouvel appartement que j’ai eu l’honneur d’inaugurer la veille de notre départ pour Fès.
Nous l'avons déjà baptisé "madrassa dial cercle". Il sera notre lieu de création à Abdkrim et moi ; à beaucoup d'autres nous esperons.

Situé à moins de 5 minutes de l'école des beuax-arts ou je me suis résolu a ne donner cours qu'au premières années; il est perché au deuxième étage d’une traditionnelle maison Tétouanaise, juste au dessus d’un appartement occupé exclusivement par des femmes (mère et filles), ce qui a l’amusante particularité de rendre jaloux quelques amis mâles. Il est composé de quatre pièces et d’une entrée. Une d'elle est utilisée comme pièce d’eau : trou-toilette, lavabo avec eau froide fenêtre. Une autre sera transformée en bureau avec pc-connexion internet et mobilier adéquat recueillant tous les documents officiels du O et de nous. Elle sera la pièce propre et calme ou le recueillement et la minutie seront de mise. L’autre pièce, face à l’entrée, deviendra la salle d’accueil de nos amis et du public ainsi que l’atelier de réalisation de nos histoires. Elle sera conviviale, pleine du mobilier traditionnel Amazigh ramené par nos petit dos du village natal d’Abdkrim, et servira de chambre d’amis lorsque la notre sera trop pleine. Ce sera la pièce principale de cette école du O. Enfin la dernière sera l’espace privé (la seule bénéficiant d’une porte) où nous nous reposerons, lirons, rêverons et accueillerons les filles du dessous.

Ce lieu doit être celui qui invente et rassemble, qui stimule et rassure. Nous devons le créer comme une oeuvre afin qu'il soit fécond. Cette création sera un travail a part entière mais ne doit pas s'envisager autrement. Il faut que le visiteur comprenne les principes du O en pénétrant. Je sais encore comment bien organiser cela, mais on a les vacances pour en parler avec Abdkrim.



En attendant, je suis assis dans ce cyber depuis 3 heures et le taulier fait de gros yeux... je crois qu'il veut fermer.

Je suis désolé si les dessins ne s'affichent pas bien et promet de regler ce probleme au plus vite ainsi que de mettre toutes les photos en odre...

Demain c'est l'AID EL KBIR ; vendredi 21 décembre. Je pense que la prochaine fois que mon postérieur viens dans un cyber, je vous raconte ça.
Prenez bien soin de vous en cette période de fête internationnale (ou peu s'en faut).

A bientôt.

PREMIER VOYAGE DU "O'' (pas le temps de mettre toutes les photos, le cyber ferme)

Assis dans le débarra de l’appartement de mon petit frère adoptif. Nous sommes le dimanche 16 décembre et je me réveille péniblement. J’écris sur le pc portable qu’Abdkrim a laisse ici.

Il y a une semaine, je travaillais dans ce même appartement à la confection de la première version du numéro zéro du O. Bandes dessinées, textes et charte graphique. Aujourd’hui je vais travailler à la version 1.2 de ce premier pas imprimé. Version inspirée et commanditée par le voyage que nous avons vécu Aziz, Abdkrim et moi ; le esssoueri (Essaouira), le Slaoui (Salé) et le Belgi-francaoui-tetouani-casaoui (…).

Dans la nuit du mardi au mercredi dernier, après 4 jours de travail acharne et collectif, nous prenons la route de Tétouan vers Casablanca (Dar El-Beida) afin d’y effectuer le premier voyage du O. Avec nous, la maquette fraîchement et difficilement obtenue. Je voulais apporter des exemplaires photocopiés et reliés, mais le temps et la technique n’ont pas suivi. Nous partons comme des guerriers, les femmes et hommes de notre tribu nous ayant serré une dernière fois dans leurs bras en demandant au dieu tout puissant de veiller sur nous et de nous faire revenir victorieux et si possible entier. Personne n’a pleuré, mais c’était pas loin… Nous partons plein d’espoir de conquête et avons comme arme 8 feuilles à photocopier, une agrafeuse (de loin l’objet le plus dangereux) et des rendez-vous plus ou moins confirmés dans quatre écoles différentes, à Casa, Rabat et Kenitra.

Nous arrivons à la gare de Bus de Casa à 08h30 du matin… je fais un bon de trois ans dans un passe brumeux et y retrouve ces lieux déjà visité lorsque’avec mon amoureuse, nous avions rejoint Marie qui terminait un travail dans l’association Bayti qui s’occupe des enfants vagabonds. Elle nous avait explique comment ces enfants n’avaient au maximum que 48h de relative tranquillité avant d’avoir de gros soucis dans cette capitale économique qu’est Casa. 48h maximum avant d’être détournés par des aînés maléfiques et emportés dans le cercle mortel de la violence, de la drogue, de la prostitution et de l’esclavage. Beaucoup de ces enfants sans domicile arrivent toujours par cette même gare que nous foulons en ce mercredi 12 décembre 2007.

09h20, nous sommes devant cette école des beaux-arts que je vois pour la deuxième fois. J’ai eu plusieurs contacts mails et téléphonique avec Abdelaziz Mouride afin qu’il organise notre première exposition du O devant les étudiants de BD (les autres aussi j’espère). Nous arrivons avant lui et croisons un des étudiants de troisième année. « Quoi, une réunion autour d’un projet d’édition de BD ? nan, le professeur Mouride nous n’a rien dit…ET TOI ! (il interpelle une première BD) tu es au courant qu’une conférence va avoir lieu a 10h sur l’avenir de la BD au Maroc ?
- Non, pas du tout… »
Ca commence bien : « Venez à 10h00 et prévenez vos amis, camarades de classe, et tous ceux qui sont intéressés par la BD en général !!! »
Il est 09h15 et nous devons trouver l‘endroit pour photocopier la maquette afin de pouvoir leur laisser des exemplaires.
09h45, Mouride arrive le sourire aux lèvres et nous conduit au directeur afin de nous présenter. Celui-ci arbore la même expression que j’avais perçu dans les yeux d’un officiel venu visiter en grande pompe le dernier festival de bd de Tétouan ; 15 tonnes de lassitude accrochées à chaque paupière et une attention proche du curcurbitace agonisant. Un bonheur. J’expédie l’explication car j’ai besoin du reste d’énergie parcourant ma carcasse pour les étudiants que nous allons bientôt rencontrer.

C’est une chance, le mot a bien circulé. Ils sont nombreux. Nous, intimidés.
Explication en français, précisions de mes frères en Dérija, questions, yeux qui brillent, intérêt, rires et promesses.
Nous sommes interrompus par Mr Mouride, présentant un ami a lui projetant de créer un site internet où serait archivés toute la bd marocaine. Nos projets convergent et peuvent être complémentaires ; ça peut être une bonne chose.
Nous continuons de parler avec les étudiants, mais des professeurs nous pressent de finir car d’autres cours ont déjà commencé. Nous poursuivons quand même dans la cour. Abdkrim et Aziz redéfinissent les zones obscures laissées par mon explication française. Nous rions beaucoup et buvons un thé offert par la maison.
L’heure du repas ayant fait son apparition, ce sont deux charmantes jeunes femmes qui nous guident dans cette grande ville vers un lieu de sustentation rapide et bon marché et sacrément local : le shawarma ! Flash-back, nous avions mangé exactement ici il y a trois ans avec Marie. C’est hors de prix pour un sandwich, 25 DH …nous sommes bien dans une capitale.
Nous discutons de la vie, des amours et des études. Les problèmes de l’école des beaux-arts de Casa sont proches de ceux de Tétouan.

Cigarette, partagée (toujours) avec Abdkrim, visite de la vieille ville où mon grand-père est né et a grandi, charme des étudiantes et retour aux bozarts.
Nous avons prévu d’aller (grâce une ancienne élève de Tétouan) dans une école d’art privé nommée Art Com. Elle devait préparer notre venue en sa qualité de nouvelle prof dans cet établissement…
Nous débarquons comme trois intrus, dans cet univers où le droit d’entrée se compte en dirham, 4000 pour être exact, et par mois s’il vous plait, le prix d’une école d’art privé en Europe… La secrétaire nous envoie dans un bureau et nous promet qu’un certain m’sieur Machin va venir. On attend, on rigole de tout ce faste et m’sieur Machin débarque, nous faisant bien comprendre que cela ne l’intéresse que peu, qu’il ne peut pas nous mettre en contact avec les étudiants car ils sont en cours, et que la prochaine fois, il serait bon de prévenir un peu à l’avance !!! Heureusement, un étudiant passe par là, et reconnaît Abdkrim, avec qui il a participé à un stage d’animation l’an passé. Nos photos commencent ici. Cet étudiant s’appelle Ali, et deviendra au terme de la discussion, notre ambassadeur du O dans cette école.
Photo devant le bâtiment, nous avons conquis cette école.
Retour aux beaux-arts, on retrouve les étudiants et les débats recommencent.
Dans une salle en haut, Abdelaziz Mouride rend les planches et les notes. Il a une bonne façon de voir l’enseignement, mais n’a malheureusement que peu de savoir à partager dans ce domaine qu’est la bande dessinée… Il essaye d’expliquer des choses relatives à la typographie dans les phylactères, des infos qu’il a apprises sur un de ces sites qui vous expliquent LA BANDE DESSINE EN 3 ETAPES. C’est comme les livres pour apprendre à faire du MANGA ! Je déteste ça. Leurs informations sont réductrices, directives, parfois fausses et surtout tellement éloignées d’une réflexion autour de le narration et de la moindre petite ouverture vers un ailleurs encore inconnu. Ces sites ne se concentrent que sur le dessin et sont loin de parler de cet art qu’est la BD. Quoi qu’il en soit, il m’invite à discuter autour de ce sujet et c’est parti : je me passionne, je vole d’un sujet à l’autre, de la place d’une bulle dans la case rapport au sens de lecture à l’intérêt possible de jouer avec différentes typos, à l’opportunité d’écrire un passage illisible si cela vient apporter une tension dans l’histoire, à la mise en case du texte, tronçonnée de manière à suivre les respirations de la voix, ou pas…etc. Bien entendu je dis pas mal de conneries aussi, dû à l’emportement, mais je supporte mal que des gens enferment cet art qui est pourtant si vaste, si jeune et si vieux, en tout cas si important aujourd’hui… M’enfin la nuit tombe et le gardien de l’école nous chasse.

Il est 19h00 et nous prenons un café mérité avant de rejoindre tonton Aziz chez lui. Nous en avons plein la tête, les yeux, le cœur et le bide. Abdkrim parle en Amazigh au serveur. Beaucoup de commerces de Casa sont tenus par des Amazigh me dit-il. Je n’arrive pas encore bien à les différencier des Arabes, mais je commence dès ce soir à m’entraîner. Ça se joue entre les yeux, la forme du nez, du visage et la couleur de la peau… et aussi, « tu verras jamais des Amazigh avec le visage tout balafré de cicatrices, ça, c’est les Arabes. Les Amazigh sont des gens pacifiques. »

Nous décidons, à mon grand regret et celui de mes lombaires, de rejoindre l’appartement d’Aziz à pied…je trouille que celui-ci soit très très loin, mais une seule une grosse demi-heure nous y emporte.
Accueil des plus chaleureux, dîner succulent, blagues à pleurer de rire, discussion politique à couteaux tirés et sommeille des justes. Il est minuit et le réveil est placé à 09h30.
À 08h30, les autres se foutent de moi car je suis encore ensommeillé. A 09h30 quand le réveil sonne enfin, nous sommes lavés, repus et prêts à partir.

Il fait beau et pollué en ce Jeudi matin 13 Décembre et nous allons, sur les conseils-obligations d’Aziz, assister à une exposition des travaux d’un certain Saïd Bouftas. Inconnu de moi, mais puisque nous n’avons pas de rendez_vous avant l’après-midi, yallah.
En chemin, dans notre errance, nous croisons Icham, qui nous reconnaît en tant qu’artiste, le fait qu’Abdkrim ait décidé de porter le drapeaux sur ses épaules doit y être pour quelque chose. Discussion sur notre projet, échange d’adresse mail et offre du numéro zéro. Dans sa gentillesse, il nous indique la route à suivre pour aller au point de repère le plus proche de la Casa del Arte (lieu d’exposition). Nous perdons grâce à ses judicieux conseil une bonne heure de marche, mais visitons une face de Casa qu’aucun de nous ne connaissait. Personne sur le chemin ne sait ou se trouve la Casa del Arte et c’est presque par hasard que nous tombons dessus. Nous pénétrons, observons l’expo (bizarrement partagée entre dessins a l’encre de chine du corps humain dégageant une grande force et aquarelle de chevaux tous raplaplat…) et discutons avec une gentille dame européenne qui nous dit que notre projet inetressera sûrement beaucoup Saïd Bouftas qui se bat, lui aussi de son côté pour la recon-naissance de la BD au Maroc. Elle me donne le numéro de Saïd Bouftas et je m’empresse de l’utiliser. Le rendez-vous est pris pour 15h30 dans un café nommé le repère « c’est un bon repère, ça ! » conclu-t-il au téléphone.

Il fait beau et l’espoir est de la partie. Nous nous entendons vraiment bien tous les trois et sommes sur un petit nuage. Nous rejoignons le centre ville et téléphonons à Hanae (étudiante des beaux-arts de casa) pour qu’elle nous rejoigne. Elle vient avec une amie et nous partons essayer un autre Shawarma…mais… c’est aussi celui dans lequel j’ai mangé il y a trois ans !!! Je comprends alors la stricte réalité, tous sont construits quasiment sur le même plan.

Je dois cesser d’écrire…
Je vais résumer la suite, plus tard.

Reprise du cours de l’histoire : Je suis à Fes-capitale culturelle du Maroc ; le mercredi 19 décembre vient de laisser la place au jeudi 20 et je tape sur un clavier QWERTY (standard américain) ces mots de rattrapage. Impossible de chopper un rythme ces derniers jours.
Pourquoi ?
En bref, il y a eu ce premier voyage du O ; suivit de son bilan ; de l’emménagement dans le nouvel appartement et de la préparation de ce grand voyage dont Fès est la première étape.

En rebref ; suite du premier voyage… ou plutôt résumé… ou encore mieux : conclusion !

Nous avons rencontré beaucoup de personnes qui furent intéressées par le projet, des étudiants et des grands. Les étudiants apportent leurs énergies et les grands apportent leur expériences. Les étudiants les plus intéressés sont devenus, sur le conseil d’un grand, des ambassadeurs. Le désir de diffuser nos livres de manière pirate est devenu, sur les conseils du même grand, un désir de s’attirer la bénédiction du ministère de la culture Marocaine. Le grand, Saïd Bouftas est entre autres professeur de dessin anatomique et d’histoire de l’art à l’Ecole Nationale d’Architecture, fondateur des 4 studios d’animation marocains, animateur de stages bd, passionné de dessin, d’enseignement et de partage et nouveau membre du O (je crois avoir oublié de le lui dire).
Il nous a mis en garde contre la diffusion illégale car trop vulnérable aux attaques des gens motivés à briser ce genre de projets, et trop lourde de conséquences s’ils y arrivaient.
Il a beaucoup aimé les principes de liberté, de responsabilité égalitaires, de générosité et d’humilité du O.
Il nous a enflammé le cerveau en parlant des possibilités futures du O et nous a manifesté un grand signe d’amitié et de confiance en nous invitant le lendemain dans l’école supérieure, la plus class au Maroc, l’E.N.A. (cherchez les initiales dans les lignes précédentes !) pour y intervenir au sein de son cours d’histoire de l’art.


Le soir, nous étions à Rabat d’où Abdkrim est parti rejoindre sa famille à Salé alors qu’Aziz et moi rencontrions d’anciens étudiants de Tétouan, aujourd’hui travaillant pour une série de dessins animés marocaine et produisant 3 minutes hebdomadaires. C’est très lourd comme travail, alors, même si le projet les emballe, ils ne pensent pas pouvoir participer activement… beaucoup de discussion avec eux et nuit très courte.

Le vendredi, nous visitons donc l’E.N.A. le matin et l’atelier de manga de Kenitra l’après midi. Les ambassadeurs sont trouvés et les idées encore enrichies. Quelques heures de bus nous renvoient à Tétouan où le vent en ce tout début de journée du samedi nous glace.Nous remontons avec Abdkrim dans les hauteurs avec la résolution de dormir enfin un peu tôt mais ne sombrons dans le sommeil que vers 05H30, après avoir rencontré et entendu (et enregistré-merciDenis) l’histoire de Mohamed de Goulmime, qui, à 17 ans, a désespérément fui le Maroc clandestinement. Son histoire est celle de sa génération. Son histoire est exemplaire et nous allons travailler à l’adapter afin de pouvoir la diffuser dans le O.

L’essentiel aujourd’hui est de redéfinir le O dans la version 0.2 du numéro zéro à la lumière de tous les apports de ce premier voyage.
Nous allons donc créer une association, demander le dépôt légal de parution, le droit de diffusion, et un rendez-vous avec la directrice du département livre du ministère de la culture. Bien entendu, nous allons continuer de diffuser la nouvelle de la naissance du O.

Nous allons probablement participer à 2 salons de livre en février… Mais je vous en reparlerai si cela se concrétise.

J’oublie beaucoup de choses maintenant, mais pardonnez- moi, aujourd’hui j’ai appris :

_qu’il existait des souks spéciaux remplis de bestiaux pour la fête de l’Aide




_à choisir un bon mouton mâle


_à quoi ressemblait Fès de nuit

_que la famille de Simo était très accueillante (cela rime bien sur avec excès de nourriture…)

_Et que zapper sur 6 serveurs satellites était long, incroyablement chiant et carrément énervant au final… Mais cela doit être culturel car cette pratique est appliquée consciencesement, à la manière de ces gestes ancestraux sans lesquels les sociétés sédentaires n’auraient pu survivre.

Tout à l’heure le soleil se lève sur jeudi 20 et j’espère pouvoir vous envoyer les photos et ce texte… car le vendredi, cela sera impossible en raison de la grande fête engendrant la mort du nouveau membre de la famille (relire l’histoire d’Abraham et de son fils Ismail d'où cette tradition est tirée) broutant tranquillement sur le balcon à quelques mètres de moi.